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causes du mal. C'est là une obligation imposée à tout homme qui connaît les dangers de cet art et le mal qu'il peut produire.

Ce que nous avons dit suffira pour montrer que personne au monde ne saurait apprendre à fond l'astrologie ni acquérir la faculté de l'exercer, même en admettant que cet art ait une existence réelle. Celui qui s'est occupé à l'étudier et qui croit le posséder à fond est encore V. a2(i. très-loin d'en avoir acquis la connaissance; car, cette étude étant dé- fendue par la loi, il en résulte que les hommes ne s'assemblent pas pour étudier les livres et écrits qui traitent de l'astrologie, et ne se donnent pas la peine ' de l'apprendre. Aussi les individus , en très-petit nombre ou, pour mieux dire, en nombre presque infime, qui s'en occupent sérieusement, ne peuvent- lire les ouvrages astrologiques que dans le recoin le plus secret de leurs maisons; car ils sont obligés de se dérober aux regards du public et d'échapper à la surveillance de toute la communauté.

Ajoutons que l'astrologie se partage en un grand nombre de branches et ramifications qui sont toutes très-difficiles à comprendre. A quoi aboutirait donc une étude (entravée par tant d'obstacles)? La jurispnidence est utile pour nos besoins spirituels et pour nos in- térêts mondains; les sources où Ton puise la connaissance de cette science sont d'un accès facile; le Coran et les recueils de traditions se trouvent entre les mains de tout le monde. Eb bien, nous voyons une foule de personnes s'appliquer à l'étudier et à l'enseigner, et ce- pendant, malgré tant d'efforts', tant d'empressement montré parles élèves à suivre les cours de droit, on ne voit, dans chaque siècle et chez chaque peuple, que de rares individus arriver à la connaissance parfaite de cette science; et encore ne paraissent-ils que l'un après l'autre. Qu'en sera-t-il donc d'une science dont la pratique est défendue par la loi , dont les abords sont fermés par les prohibitions de la reli-

' Je lis ^vr^l «s'élever, aspirer à,» ' La bonne leçon me paraît être (j-vl-iJl,

avec le manuscrit D, l'édition tie Botilac (|ui est celle de l'édition de Boulac et du

et la traduction turque. manuscrit D.

' Pour Laj, lisez ^L-oj.

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