Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/263

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gion, dont la connaissance est cachée au public, dont les sources sont presque inabordables, et de laquelle résulte, pour l'étudiant qui en aura déjà appris les principes et les ramidcations, une nouvelle obli- gation, celle d'avoir recours à des conjectures et des présomptions'? Comment apprendre cet art et y devenir habile, quand son étude offre tant de difficultés ? Celui qui prétend y avoir réussi mérite qu'on le renvoie avec mépris; car, d'abord, il ne pourra fournir aucune preuve en faveur de son assertion, et, ensuite, cet art existe à peine chez nos coreligionnaires et n'est connu que de peu de personnes. Le lecteur qui aura pris ces remarques en considération admettra que notre opinion au sujet de l'astrologie est bien fondée. Dieu sait tout ce qui est caché et ne fait connaître à personne les secrets qu'il veut garder. {Coran, sour. lxxii, vers. 26.)

Un de nos contemporains, Abou'l-Cacem er-Rahoui, poêle tunisien de mes amis, a exprimé ces mêmes idées dans une pièce de vers qu'il composa à l'époque où les Arabes (nomades) défirent les troupes d'Abou'I-Hacen et asssiégèrent ce sultan dans la ville de Cairouan-'. Comme une foule de rumeurs (et de prédictions) s'étaient répandues tant parmi les amis du prince que dans les rangs de ses ennemis, Fr- v. 7t- Rahoui publia le morceau suivant ' :

A tout moment j'invoque la miséricorde de Dieu; car Je bien-êlre, le bonheur de la vie, nous onl été ravis.

Je reste à Tunis malin et soir, et le matin ainsi que le soir est entre les mains de Dieu.

La révolte et la pestilence entraînent sur nous la terreur, la famine et la mort.

Les hommes sont dans la consternation et dans les horreurs de la guerre : à quoi les conseils peuvent-ils servir?

' Le texte arabe ajoute ici: «qui ser- p. xxviii, et l'Histoire des Berbers, t. iV,

vent , toutes les deux , à le cacher aux yeux p. a64 et suiv.

de robservaleur. «Ces mots n'offrent aucun ' Ces vers sont du mètre nommé bacît,

sens raisonnable; le traducteur turc n'en mais d'une espèce rarement employée,

a tenu aucun compte. Les pieds dont chaque hémistiche se com-

' Voyez la i" partie, Introduction , pose sont ^Vj*^ i^y**^ ,ji>B.fc«>«.

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