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fermant en elle-même l'image du mode de procéder que la même faculté doit observer. Or, puisque la logique est une chose arlilicielle, on peut ordinairement s'en passer; aussi voyons-nous que la plupart des hommes les plus éminents dans les sciences spéculatives par- viennent à découvrir les vérités qu'ils cherchent sans avoir recours à l'art de la logique ^ (Ils y réussissent) surtout quand ils travaillent avec des intentions droites et qu'ils se remettent à la grâce de Dieu, laquelle est toujours le secours le plus efficace : laissant leur faculté réfléchissante marcher directement en avant, ils se trouvent amenés tout naturellement à la découverte du terme moyen et de la vérité qu'ils cherchent. Ce fut, en effet, pour cet objet que Dieu créa la réflexion.

Après avoir parlé de cette chose artificielle qui s'appelle la logique, il nous reste à signaler encore une matière à étudier^ comme préli- minaire à l'acquisition de la science. Je veux parler de la connais- sance des mots et des idées qu'ils servent à exprimer. Les mots s'ex- priment par des signes tracés au moyen do l'écriture, et par l'organe de la langue^, quand on adresse la parole à quelqu'un. L'étudiant doit, de toute nécessité, franchir ces obstacles avant de pouvoir réfléchir sur la question dont il cherche la solution. Il doit d'abord reconnaître, P. ï56. à la vue des indications fournies par l'écriture, les mots articulés par la langue, et certes l'écriture les indique de la manière la plus du- rable; il doit ensuite comprendre les idées qu'on représente au moyen des mots articulés, et puis connaître les règles qui s'observent quand il s'agit de démontrer un principe, en coordonnant ses idées selon les formules consacrées par l'art de la logique. Enfin il doit bien comprendre les idées abstraites que fournit l'entendement et qu'il combine ensemble, tout en se résignant à la miséricorde et à la bonté

' It faut supprimer le mot ix. , qui pré- Comme le mot lisan, de même que te mot

cède immédiatement le mol j \i'd\. langue en français , signifie également l'or-

' Il faut lire i*J! à la place de |£j4*Jl. gane de la parole et le langage, l'auteur

L'édition de Boulac et les manuscrits C ajoute ici l'adjectif natic, t parlant,» afin

el D offrent la bonne leçon. d'éviter l'équivoquo. Littéral, • par la langue parlante. »

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