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D'IBN KHALDOUN. 303

intellectuelles, lesquelles sont du domaine de l'entendement. Or ce sont les mois qui font connaître ce que l'esprit renferme d'idées ap- partenant, soit à l'entendement, soit à l'imagination; ils s'emploient P. 175. pour les transmettre oralement d'une personne à une autre dans les discussions, dans l'enseignement et dans les débats auxquels donnent lieu les questions scientifiques, débats que l'on prolonge dans le but d'acquérir une parfaite connaissance de la matière dont on s'occupe. Les mots et les phrases sont les intermédiaires entre (nous et) les pensées (d'autrui); ce sont des liens et des cachets qui servent à fixer et à distinguer les idées. Il faut savoir reconnaître les idées aux mots qui les représentent; mais, pour le faire, l'étudiant' doit con- naître la signification que chaque mot porte dans le langage et pos- séder un bon fonds d'instruction. S'il ignore le cens des mots, il ne pourra guère découvrir les idées qui y correspondent, et h cette dif- ficulté vient encore se joindre celle de la spéculation dans laquelle l'esprit est alors engagé. Si la faculté de reconnaître la portée des mots est assez bien affermie chez l'étudiant pour que son esprit, aussitôt un mot prononcé, saisisse l'idée qui y correspond, ce qui, du reste, a lieu par intuition et par suite d'une disposition naturelle, le voile qui s'interposait entre cette idée et l'entendement disparait tout à fait, ou se laisse écarter très-facilement La seule tâche qui reste alors à remplir, c'est l'examen de ces idées.

Voilà ce qui arrive quand l'enseignement se donne de vive voix et fournit toutes les indications nécessaires; mais, si l'étudiant est obligé de travailler seul, de mettre par écrit (ce qu'il apprend dans les livres), et de reconnaître les paroles qui sont indiquées par les traits de l'é- criture, il voit surgir devant lui une nouvelle difficulté, provenant de la distinction qui existe entre les mots tracés au moyen de l'é- criture et les paroles qui s'articulent, mais qui se trouvent encore dans l'esprit*. En effet, les traits de l'écriture servent spécialement à indiquer les paroles articulées, et, tant qu'on ne saisit pas les indi-

Lisez^JjuiJ. — ' Cela s'applique surtout à la langue arabe quand elle est écrite, comme dans les premiers temps , sans voyelles et sans points diacritiques.

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