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DIBN KHALDOUN. 329

tirer. C'est par son moyen qu'on parvient à composer avec élégance, ' o^' en vers et en prose, des morceaux reproduisant le style et les tour- nures des Arabes du désert. Pour acquérir cette faculté, on apprend par cœur beaucoup de leurs expressions, et on s'assure ainsi la pro- babilité du succès. On recueille dans ce but (et on met par écrit) d'anciens poëmes, et des morceaux de prose cadencée dont les rimes correspondent bien ensemble, et on y mêle par-ci par-là assez de problèmes philologiques et grammaticaux pour que le lecteur, après les avoir parcourus tous, se trouve posséder la plupart des règles auxquelles le langage est soumis. On choisit parmi les récits con- sacrés aux journées (et aux combats) des anciens Arabes autant qu'il en faut pour rendre intelligibles les allusions offertes par leurs poëmes, et on y ajoute les généalogies les plus importantes et les plus célèbres, ainsi que les apecdotes les plus répandues chez ce peuple.

Cela a pour but de procurer au lecteur qui parcourt un traité (de littérature) la connaissance du langage dont se servaient les (anciens) Arabes, la tournure de leurs phrases et leurs modes d'expression, de sorte que rien de toutes ces matières ne lui reste inconnu. Pour s'approprier cette connaissance, il doit avoir bien compris ces passages avant de les apprendre par cœur; aussi se trouve-t-il obligé d'étudier d'avance tout ce qui peut servir à les faire comprendre.

Les littérateurs définissent leur art en disant qu'il consiste à apprendre par cœur les poëmes des (anciens) Arabes et les anecdotes qui les concernent, et à recueillir quelques notions de toutes les sciences. Ils veulent parler ici des sciences qui se rapportent à la langue et de celles qui ont pour objet la loi révélée, envisagée uni- quement sous le point de vue du texte; on sait que ce texte est fourni par le Coran et la Sonna. Aucun autre genre de connaissances ne se trouve dans le langage de ces Arabes. Il est vrai que les mo- dernes ont introduit dans la littérature des notions nouvelles, par suite de leur application à la science des ornements, et, comme ils em- ploient volontiers dans leurs poëmes et dans leurs épîtres des mots

Prolégomènes. — m. 4*

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