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D'IBN KHALDOUN. 399

méfaits. Cela serait un avertissement pour leurs élèves et les empê- cherait de pratiquer cet art; car ceux qui s'en occupent ont hâte d'ou- blier celui de la réalisation. « 

Une autre condition qui doit s'observer à l'égard de la science des ornements est d'en faire un rare emploi; que le poëte l'applique à deux ou trois vers d'un poëme, cela suffira pour donner de l'élé- gance et de l'éclat à toute la pièce. L'emploi trop fréquent d'orne- ments est une faute, ainsi qu'Ibn Rechîk et autres l'ont dit. Notre cheikh, le c/jerj/" Abou'l-Cacem es-Sibti S celui qui, de tous les hommes de son époque, a fait le plus pour propager en Espagne la culture de la langue arabe, a dit: « Quand un poëte ou un secrétaire-rédac- teur aurait l'intention d'employer ce genre de figures, il commettrait une grande faute s'il en faisait un usage trop fréquent : il en est des figures employées pour orner le discours comme des petites taches qui se voient sur un beau visage : un ou deux grains de beauté l'em- bcliissent beaucoup; mais, s'ils y sont en grand nombre, ils ne ser- vent qu'à l'enlaidir. »

La prose, avant et après l'islamisme, a eu un sort analogue à celui de la poésie; bien qu'elle fût libre de toute entrave, on y remar- quait un parallélisme entre les propositions-, et la forme des phrases monti'e que les périodes avaient reçu cette disposition sans que les auteurs se fussent donné la peine d'y faire entrer des assonances et de s'occuper de l'emploi de l'art. (Cela continua) jusqu'à ce que parût Ibrahim Ihn Hilal es-Sabi, secrétaire des souverains Bouïdes, qui, s'étant beaucoup appliqué à Yart des ornements et à l'emploi d'assonances, produisit des effets merveilleux. On lui.reproclie tou- tefois comme une faute de s'attacher à ce style dans les écrits éma- nant du sultan; mais il s'y trouva obligé parce que ces princes avaient l'habitude de parler une langue non arabe, et qu'ils vivaient à une époque bien loin de celle où la culture de la langue arabe florissait

'Abou'l-Cacem Mohammed Ibn Ahmed mourut à Grenade, l'an 761 (iSôg-i.SGo el-Haceni es-Sibti, natif de Ccuta, était un de J. C). des professeurs du vizir Lisan ed-Dîn. Il * Je lis «u^*-.

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