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sous la haute proleclion du khalifat. Après Sabi, cet art se répandit, P. 357. etla prose des écrivains postérieurs en fut remplie; le souvenir du beau style épistolaire se perdit alors tout à fait, les documents émanant du sultan et les lettres adressées à des amis se ressemblèrent par le style, l'arabe pur se trouva mêlé avec celui de la basse classe, ainsi que les troupeaux se trouvent mélangés dans la prairie quand on les a laissés sans gardiens.

Tout ce que nous venons d'exposer montre que le discours (ou style) artificiel, quand on le rédige avec peine et comme une tâche, est inférieur en mérite au discours naturel, car alors on y néglige trop les principes fondamentaux de l'art de bien dire : je laisse au bon goût d'en juger. Dieu vous a créés el vous a appris ce que vous étiez incapables de savoir.

Du détlain que les personnages liaul placés montrent pour la culture de la poésie.

La poésie était pour les (anciens) Arabes un registre dans lequel ils consignaient leurs connaissances scientiliques, leur histoire et leurs maximes de sagesse. Les chefs arabes la cultivaient à l'envi l'un de l'autre; ils allaient stationner à la foire d'Okad, afin d'y réciter leurs vers\ et chacun d'eux soumettait aux grands maîtres de l'art et aux connaisseurs la toile qu'il avait tissée , afin d'en faire apprécier la tex- ture. Ils portèrent si loin l'émulation^, qu'ils cherchèrent à faire sus- pendre leurs poèmes aux colonnes de la Maison Sainte, objet de leur pèlerinage, demeure de leur père Abraham. C'est ce que firent A'mro '1-Caïs, Nabagha ed-Dobyani, Zoheïr Ibn Abi Selma, Antara Ibn Ched- dad, Tarafa Ibn el-Abd, Alcama Ibn Abda, El-Acha et les autres au- teurs des neuf Moallacas^. Pour arriver à cet honneur, il fallait que

' Lisez ^Xy> tv^U iX Kolllioum.d'Antara et de Haretli Ibn Hii-

'^ Lisez oLcUil. liza. Ceux qui comptent neuf Moallacas

' On compte ordinairement sept Moal- ajoutent à cette liste les noms de Nabeglia

/acas, celles d'Amro 'l-Caïs, de Tarafa, de et d'El-Acha, ou bien ceux d' Alcama et

Zoheïr, de Lebîd Ibn Rebîa, d'Amr Ibn d'El-Aclia.

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