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D'IBN KHALDOUN. 447

est dans le mien, les branches qui te portent seraient réduites en cendres'. Aujourd'hui, depuis combien d'années n'ai-je pas souffert les peines (de l'absence] Elles m'ont tellement amaigri), que les yeux des autres sont absolument inca- pables de me voir. (Le chagrin) a revêtu mon corps de maigreur et de maladie, et cette maigreur me dérobe aux regards des observateurs. Si la mort^ voulait v&nir à moi, je mourrais (volontiers) à l'instant même; celui qui est mort, P-43o. sache-le bien , jouit enfin du repos. Elle répondit* : Mes larmes, en se détei- gnant* sur la blancheur (de mes plumes), ont posé sur mon cou le collier de la fidélité, (et il y restera) jusqu'au jour de la résurrection. Quant à l'extrémité de mon bec, l'histoire de son (accident) est répandue partout : elle est comme un morceau de braise (qui reste encore allumé) après que le corps a été réduit en cendres^. Les colombes de toute espèce me plaignent et pleurent sur moi; celui qui est accablé par le dédain et par l'aversion (de la part de sa bien-aimée) manifeste ouvertement (les peines qu'il souffre). Adieu au monde et à son éclat, puisque je n'y ai trouvé ni tranquillité ni repos.

Les habitants de Fez admirèrent beaucoup ce poëme et l'accueil- lirent avec empressement. Ils en composèrent d'autres sur le même modèle, mais en y négligeant les règles de la syntaxe désinentielle, science qui n'était pas leur affaire. Ce genre de composition se ré- pandit chez eux, et plusieurs de leurs poètes y montrèrent un grand talent. On l'a distingué en plusieurs espèces, telles que le mozaoawedj (l'accouplé), le kazi, la melaba, et le ghazel (le madrigal). Les noms diffèrent selon la manière dont les vers y sont accouplés, selon les mesures employées et selon le but que l'auteur avait en vue. Voici un mozaoawedj composé par Ibn Chodjaâ, qui était un de leurs grands poètes et natif de Taza ^ :

' Pour (joj LoJ, lisez ijlT^Uj. , * Ces deux derniers vers ne se trouvent

' Il faul lire i^s^-X-:^ jJ , c'est-à-dire »-' pas dans les uianuscrils C et D; ils nian-

s5>->'»l^. quent également dans l'édition de Boulac

' Je passe le vers suivant, parce que, et dans la traduclion turque.

dans son état actuel ; il n'offre pas. un sens ' En caractères arabes (j\^: le manus-

raisonnable. crit B porte (^^LèzaJl (Aan), le manuscrit

  • Les mss. C et D portent oA-àJCu. C ^^^<i=J\ [kadlii) ,etla traduclion turque

' Je lis iXx^ et j'adopte la leçon ù-t^^ LSy^-* [meltari). De ces leçons je ne sais

y^^ jLo, celle qui est offerle par les ma- quelle est la bonne.

nuscrits C et D. ' Taza, ou, selon la prononciation eu-

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