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D'IBN KHALDOUN. 41

tant jusqu'à la cause des causes, celle qui leur donne l'existence et qui les a créées. Cette cause, c'est le Dieu unique, gloire soit à lui! Les causes deviennent plus nombreuses à mesure qu'elles re- montent; elles s'étendent en ligne directe et en lignes collatérales', de sorte que l'intelligence (de l'homme) est incapable de les suivie et de les énumérer. Nulle intelligence ne peut les comprendre en totalité, excepté celle qui embrasse tout. Cela est surtout évident pour ce qui regarde les actions des hommes et des animaux, lesquelles ont manifestement parmi leurs causes des intentions et des volontés. En effet, la production d'un acte ne peut s'effectuer qu'au moyen de la volonté et de l'intention. Or les intentions^ et les volontés dé- p. jg. pendent de l'âme et naissent ordinairement de concepts (ou simples idées) préexistants et se suivant les uns les autres. Ces concepts sont les causes qui produisent l'intention de faire l'acte et ont ordinairement pour causes d'autres concepts. On ne peut connaître la cause (primi- tive) d'aucun concept qui a lieu dans i'àme, car personne n'est ca- pable de comprendre les origines des choses qui se rattachent à l'âme ni l'ordre dans lequel elles se présentent. C'est Dieu qui jette les concepts dans la faculté réflective, les uns à la suite des autres; aussi l'homme ne peut connaître ni leur origine ni leur lin. Si nous savons, comme cela arrive ordinairement, que certaines causes naturelles et extérieures s'offrent à nos facultés perceptives dans un ordre et un arrangement invariable, cela tient à ce qiie la nature (externe) est du domaine de l'âme et peut en être comprise. Les concepts, au con- traire, se présentent dans un ordre que l'âme ne saurait comprendre ; ils sont du domaine de l'inteUigence, lequel est plus vaste que celui de l'âme. Aussi l'âme ne peut pas embrasser la plupart de ces con- cepts et encore moins leur totalité. Voyez, à ce sujet, une marque de la sagesse du législateur inspiré : il nous a défendu l'investigation des causes et prescrit de ne pas no\is y arrêter. En effet, une telle occu-

��' Littéral. • en longueur el en largeur. • Boulnc remplacent le mofc:i\ij,ajiJ\ par ' Les manuscrits C et D et l'édition de .J»-aJuf . leçon que je préfère. Prolégomtnes. — m. 6

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