Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/73

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DIBN KHALDOUN.

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��duirait nécessairement à ' (reconnaître) la multiplicité de r(Ètre) éter- nel. » Cette opinion se réfute par la déclaration que les attributs ne sont ni l'essence même (du sujet), ni une autre chose (que l'essence)*. Comme ils niaient l'attribut de la volonté, ils étaient obligés de nier aussi la prédestination, vu que la prédestination est l'antériorité de la volonté à l'égard des êtres créés '. Ils rejetaient aussi les attri- buts de l'ouïe et do la vue, pour la raison que ces facultés sont des accidents propres aux corps. On réfute cette opinion en faisant ob- server que la signification du mot [ouïe, et du mot vue) n'impli(]ue P. "îg. pas nécessairement l'idée d'une organisation (corporelle servant à recueillir des perceptions); ces mots ne désignent que la perception même de ce qui peut s'entendre et de ce qui peut être vu. Ils reje- taient l'attribut de la parole pour la même raison et parce qu'ils étaient incapables de comprendre le caractère* de cette parole qui existe in mente [Dei). Ils déclaraient que le Coran était une chose créée, (énonçant ainsi) une nouveauté absolument contraire à l'opinion hau- tement professée par les anciens musulmans.

La promulgation de cette doctrine pernicieuse lit énormément de mal; quelques khalifes^ l'apprirent de certains imams de la secte motazelile et obligèrent le peuple à y croire. La résistance opposée par les imams de la vraie religion à cet ordre tyrannique leur attira ,

��' Pour (j* , lisez J>c avec les naanus- crils A , D et l'édition de Boulac.

' C'est-à-dire les attributs de Dieu ne sont ni son essence, ni quelque chose en dehors de son essence, car ils ne seraient alors que des accidents de l'essence. (Voy. sur ce sujet le Guide des Egarés de Mai- inonide , traduit par M. Af iink , t. I , p. 1 83, i84, i85.)

' Les scolastiques définissent la prédes- tination comme l'attachement de la vo- lonté essentielle aux choses , dans les temps qui leur sont particuliers; ce qui veut dire que la volonté, attribut de l'Etre su- Prolégomènes. — m.

��prême, se met en rapport avec les autres êtres dans les temps ou cela doit se làire, et c'est en cela que consiste la prédesti- nation.

  • Littéral, t la qualité. ■

' Ce fut en l'an a i a de l'hégire que le khalife El-Mamoun professa ouvertement la doctrine de la création du Coran. Cinq années plus lard il voulut imposer son opinion à lous les docteurs de la loi et punit de coups, d'emprisonnement ou de mort ceux qui refusaient d'y souscrire. Son successeur El-Molaccm continua la persécution.

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