Page:Ibsen - La Dame de la Mer, traduction Prozor.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Wangel, avec une douleur contenue.

Oui, Ellida, je le vois, tu m’échappes, tu me glisses des mains. Le désir de l’illimité, de l’infini, de ce qui ne peut s’atteindre, finira par entraîner ton esprit jusqu’aux ténèbres qui le guettent.

Ellida

Oui, oui, je le sens, je sens au-dessus de moi comme de grandes ailes noires !

Wangel

Les choses n’en viendront pas là. Il n’y a qu’un moyen de te sauver. Je n’en vois pas d’autre, en tout cas. Je consens donc à ce que le marché soit rompu — immédiatement. — Dès lors, tu peux choisir ton chemin, en pleine, pleine liberté.

Ellida, le regarde, muette, un instant.

Est-ce vrai, est-ce bien vrai, ce que tu dis ? Est-ce bien ton cœur qui parle ?

Wangel

Oui, c’est mon cœur, oui, c’est bien mon cœur torturé.

Ellida

Et tu peux, tu peux laisser ainsi les choses s’accomplir ?