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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/143

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L’AUTRE CLOCHE

que nous deux. Je vais avec intention sur son passage, dans la cour, en revenant du petit endroit. Je m’attarde, je fais comme si je musardais. Dans la resserre des couleurs, des vernis, qui donne sur la cour et où il n’y a personne, il l’aurait belle, là, à me fesser comme je voudrais tant qu’il me fesse.

Il est beau garçon, brun, bien taillé, trente-cinq ans. Il me jette :

— Qu’est-ce que tu fais là, feignante ?

Je ricane. Je ne me presse pas de rentrer. Je traîne autant que je le peux. Je fais semblant de regarder des images que les ouvriers ont collées sur la porte : des images découpées dans les petits journaux pour rire.

Qu’est-ce qu’il attend pour me fesser dans la resserre ? Il ne voit donc pas que je ne demande que cela ? Mes yeux pourtant doivent bien avoir l’air de le lui dire…

Ils lui crient, mes yeux : mais prends-moi donc !

Prends-moi donc, bougre de tourte ! D’un bras, attire-moi dans la serre… De l’autre, pousse la porte et, tout de suite après, relève-moi ma blouse ! En dessous, tu sais bien que je n’ai que cela sur ma culotte. Tu la connais, ma culotte ? Déculotte-moi, ne te gêne pas. C’est ce que je veux : je te les donne, mes fesses, pour que tu les claques. Ce n’est pas moi qui crierai au scandale. D’abord quand j’ai dit à maman qu’on fessait les arpètes à l’atelier, elle m’a répondu qu’on avait bien raison. Va donc : il est quatre heures, le personnel vient de sortir pour le casse-croûte. Ce n’est même pas la peine de fermer la porte, tu peux claquer à ton aise, personne n’entendra. Et puis quand même quelqu’un viendrait