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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/229

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MÉLIE

voisins, était mon condisciple et nous ne nous quittions guère.

Nos maisons se faisaient face, sur la route nationale. Son père, assez gros cultivateur, et mon père vétérinaire, se connaissaient intimement, comme nos mères.

Un jeudi, qui était le jour où maman recevait des amies, j’eus l’idée, ainsi que je l’avais fréquemment en cette circonstance, d’aller trouver Paul plutôt que de rester à la maison. La conversation de ces dames m’intéressait peu et j’aimais mieux passer l’après-midi avec mon camarade.

Ce jour-là, par extraordinaire, Paul était absent. Sa mère l’avait emmené avec elle prendre un bain. C’est à dire qu’elle l’avait emmené à C. même, dans un établissement public réputé, sis non loin de la place des Épars.

C’est ce que m’apprit la bonne, qui vint m’ouvrir, m’engageant à entrer et à attendre le retour de mon petit ami.

Cette bonne, nommée Emélie, et que l’on appelait Mélie, était du pays. Pas de ce côté-ci de la banlieue de la ville, mais de Gallardon. Depuis trois ans au service de la famille de Paul, je la trouvais sympathique. Bien représentative de la race beauceronne qui, dans l’élément féminin, affecte deux types curieusement différents, elle appartenait, vigoureuse et bien taillée, à la grande espèce ; car il existe aussi une petite race, éminemment terrienne, courte, trapue, à la tête large aux tempes et au profil