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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/64

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BRASSÉE DE FAITS

Je suis toute à ma contemplation et je n’entends pas venir Mary, derrière moi…

Sa voix rieuse me jette, sa bouche me mordillant la nuque :

— Cela te plaît ?

Elle m’attire en arrière.

— Allons, ôte ton chapeau, tes gants.

Elle-même les a enlevés. Elle a même changé de corsage.

Décolletée, en avant jusqu’à la taille, dans le dos jusqu’aux reins, qu’ils sont beaux, ses bras nus, ses bras dans lesquels je pèserais le poids d’une plume !

Elle plaque encore un accord prolongé, puis joue quelques mesures d’une fantaisie de sa façon, variation de l’air antique : Les papas et les mamans.

Je ris. Elle laisse le piano :

— Mon amie n’est pas là. J’ai trouvé un mot pour moi. Nous allons l’attendre : elle sera ici dans deux heures. Nous sommes seules.

Elle tire les cordons des rideaux bouton d’or des trois fenêtres tour à tour.

C’est presque l’obscurité. Mais, elle allume en grand l’éclairage électrique, appuyant sur deux, sur trois commutateurs.

— Viens ici. Ici, au milieu, nous serons bien éclairées.

En effet, au point que nous occuperons, sur le milieu du devant du divan, un puissant faisceau lumineux arrive, envoyé par un réflecteur en haut qui nous inonde de lumière. Les tableaux de prix chez les marchands,