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Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/151

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une chose qui me soit douce. Quand tu sortiras et que tu me verras, malheureux, pendu à ta porte, ne passe point avec dédain : arrête, pleure une seule larme, détache-moi de la corde, enveloppe-moi de tes propres vêtements, et, qu’étant mort, je reçoive un dernier baiser de toi ! N’aie point peur : tu ne me feras point revivre en m’embrassant. Creuse-moi un tombeau où s’ensevelira mon amour ; et, en partant, appelle et dis trois fois : — Repose, ami ! — ou, si tu le veux, ajoute : — J’ai perdu celui qui m’aimait ! — Ecris ces mots, que j’inscris sur ton mur : — Éros a tué celui qui est là. Voyageur, arrête et dis : Il avait un ami cruel.

Ayant ainsi parié, il apporta une pierre qu’il appuya du seuil contre le mur. Au-dessus, il attacha une corde mince, mit son cou dans le nœud coulant, et, repoussant la pierre du pied, il resta pendu et mort, L’éphèbe ouvrit sa porte et vit le mort pendu à son seuil, et son âme ne fut point brisée, et il ne pleura point ce malheur récent, et ses vêtements d’éphèbe furent souillés en touchant le cadavre. Il allait prendre part aux luttes des