Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/96

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chez moi, à la campagne. J’avais tué deux poulets et un cocbon de lait, et débouché du vin de Biblina, vieux de quatre ans, mais aussi parfumé qu’au sortir de la cuve. J’avais servi les oignons, les pétoncles et les coquillages. C’était une débauche agréable. Comme elle avançait, on décida de faire des libations en l’honneur de qui on voudrait, pourvu qu’on en dît le nom. Chacun de nous but en nommant quelqu’un, ainsi qu’il était prescrit ; mais Kyniska ne dit rien, bien que je fusse là. Juge de ce que j’éprouvai ! Quelqu’un dit en riant : — Ne parleras-tu pas ? Tu as vu le loup ! — Tu l’as dit, dit-elle ; et elle rougit au point que tu eusses allumé un flambeau à ses joues. C’est Lykos ! c’est Lykos, le fils du voisin Labâ, haut de taille, svelte, et que beaucoup trouvent beau ; c’est pour Lykos qu’elle desséchait d’un si grand amour ! On me l’avait bien dit une fois tout bas à l’oreille ; mais, malgré ma barbe d’homme, je n’en cherchai pas plus long. Déjà nous étions ivres tous quatre ; et l’homme de Larissa, le méchant esprit, se mit à chanter, avec des plaisanteries de Thessalien, toute l’histoire de Lykos ; et, aussitôt, Kyniska de pleurer en san-