Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/101

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de ne point l’abandonner par complaisance pour les volontés d’un prêtre hypocrite.

Dorriforth était trop près pour ne pas entendre ces paroles, mais il garda le silence avec une contenance ferme et dédaigneuse.

Miss Milner, de son côté, s’efforçait de dégager sa main, en priant Milord de trouver bon qu’elle ne lui répondit pas en ce moment ; mais lui, au lieu de quitter la main qu’il tenait, il la porta à ses lèvres avec ardeur et semblait vouloir la dévorer, quand Dorriforth, emporté par un mouvement aussi prompt qu’irrésistible, s’élance sur Frédéric et lui applique un violent soufflet. La surprise et la force du coup firent chanceler Milord ; il abandonna la main de miss Milner, et Dorriforth s’en saisit aussitôt pour faire entrer sa pupille dans la maison.

Elle était effrayée plus qu’il n’est possible de le dire, et ce ne fut qu’avec beaucoup de peine qu’il parvint à la conduire chez elle sans l’y porter entre ses bras. Dès qu’avec le secours d’une de ses femmes, il l’eut placée sur un siége, ne pouvant plus résister aux mouvemens de honte et de confusion qui l’agitaient, il tomba à genoux devant elle, et la supplia de lui pardonner l’action grossière dont il s’était rendu coupable en sa présence. — L’effroi qu’il avait causé à sa pupille, l’atteinte qu’il avait portée au respect religieux qu’il croyait lui devoir, étaient, de toutes les circonstances de son action, les seules qui le frappaient alors.

Miss Milner ne put soutenir l’humiliation où son tuteur s’était abaissé devant elle. Elle crut voir son père prosterné à ses pieds, et avec une émotion, une agitation qu’il n’est pas facile de peindre, elle le conjura de se lever, répétant cent fois que, moins il avait été maître de lui-même, plus il lui avait prouvé l’intérêt qu’il prenait à elle.