Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/103

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Il s’arrête un moment, puis il s’écrie : « J’ai rempli d’épouvante et d’horreur le cœur d’une femme charmante, qu’il était de mon devoir de protéger contre ces emportemens et ces violences dont je viens moi-même de la rendre témoin.

» J’ai appelé sur moi les justes reproches de mon instituteur et de mon ami, de l’homme dont l’approbation faisait ma plus douce récompense. — Et ce qui m’accable encore plus, je me suis exposé à tous les reproches de ma conscience.

» Où fuir pour m’éviter moi-même ? » s’écriait-il, en se promenant à grands pas dans sa chambre. « Descendrai-je auprès des dames ? Je suis indigne de leur société. Comment passer cette longue nuit ? Le sommeil n’approchera pas de moi. Irai-je reposer mon ame agitée dans le sein de Sandford ? Je n’oserais lui avouer la cause de ma peine. — Irai-je trouver lord Frédéric, m’humilier devant lui, demander qu’il me pardonne ? — Il me mépriserait comme le dernier des lâches. Non. » — Et levant les yeux au ciel : « Ô toi ! dont la grandeur et la sagesse égalent la toute-puissance, toi que j’ai offensé, c’est à toi seul que j’ai recours dans ce moment d’angoisse ! c’est de toi seul que j’attends les secours que nul être ne peut me donner ; et la confiance avec laquelle je t’implore, cette confiance devenue plus vive par le long commerce que mon état m’a permis d’entretenir avec toi, me paie bien en ce moment de tant d’efforts imparfaits, mais sincères, que j’ai faits toute ma vie pour me rendre digne de te servir. »