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CHAPITRE XIV.


Quoique miss Milner n’eût pas prévu qu’aucun événement funeste dût résulter de l’outrage fait à milord Frédéric, cependant elle passa une nuit bien moins tranquille qu’à son ordinaire. Dès qu’elle commençait à s’endormir, mille images vaines, mais pénibles, s’offraient à son imagination ; quelquefois son cœur lui disait : « Lord Frédéric est pour jamais banni de ta présence. » À peine elle avait éloigné cette fâcheuse et importune idée, que, s’éveillant en sursaut, elle voyait Frédéric frappé par Dorriforth ; — bientôt c’était son tuteur lui-même à genoux devant elle et la priant de lui pardonner. Elle soupire, elle tremble, elle est saisie d’effroi.

Un peu soulagée par ses larmes, elle s’endort le matin, mais ce sommeil est léger. Elle s’éveille encore pour retrouver les mêmes objets qui se présentent ensemble à son esprit. Elle ne sait auquel s’arrêter, jusqu’à ce qu’un seul, dissipant les autres, s’empare de toute son attention. Elle n’avait jamais su se fixer sur aucune idée ; aussi ne conçoit-elle pas pourquoi il en est en ce moment qui s’obstinent à la poursuivre, malgré tous ses efforts pour s’en défaire.

Elle se lève enfin si languissante, si fatiguée, qu’au déjeûner son abattement frappa M. Dorriforth, dont il augmenta les peines.

Au moment où, le déjeûner fini, M. Dorriforth sortait de la salle, un officier lui apporta un cartel de la part de milord Frédéric. Il répondit à l’officier :