Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/106

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cessaires, en cas que l’événement ne lui fût pas favorable. Il écrivit des lettres à plusieurs de ses amis ; il en fit une pour sa pupille, et, en l’écrivant, toute la fermeté de son ame fut près de l’abandonner.

Sandford, qui venait d’entrer dans le cabinet de son élève, témoigna sa surprise de n’y plus trouver Dorriforth. Le jeune homme répondit d’abord à ses questions de manière à lui faire entendre qu’on lui avait confié un secret, et il finit par avouer franchement ce qu’il avait promis à son cousin de ne point révéler.

Sandford entra en fureur (autant du moins qu’un saint homme peut devenir furieux). Il condamna, sans ménagement, Dorriforth pour avoir provoqué ce duel, et surtout pour l’avoir accepté. Il loua son élève de la confiance qu’il avait eue en lui, et se félicita lui-même, comme étant appelé en ce moment non seulement à sauver la vie de son ami, mais encore à prévenir le scandale d’un pareil rendez-vous.

Dans la ferveur de ce pieux dessein, il se hâta d’aller chez miss Milner ; il entra dans cette maison qu’il s’était interdite depuis si long-temps, et il y entra dans un moment où il était le plus mal avec la maîtresse du lieu.

Il courut à l’appartement de M. Dorriforth et commença par répandre sur son ami toute l’amertume de son ame. Celui-ci avoua ses torts ; mais ni l’éloquence de Sandford, ni ses argumens, ni ses insinuations, ni ses menaces, rien ne put l’engager à retirer la parole qu’il avait donnée. Sa conscience était du parti de Sandford ; il convenait que la religion l’enchaînait par des liens plus sacrés que ceux de l’honneur ; mais il persista dans sa résolution avec cette inflexibilité de caractère dont il avait donné plus d’une preuve. Au bout de deux heures, Sandford le quitta, désespéré de