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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/107

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n’avoir rien obtenu, mais bien déterminé à ne pas souffrir que lord Elmwood devînt son complice, et, d’après cette déclaration, Dorriforth résolut de chercher quelque autre pour l’accompagner.

En traversant la maison pour en sortir, Sandford rencontra par hasard madame Horton, miss Milner et les autres dames, qui revenaient du jardin. Miss Milner fut surprise de le voir chez elle ; mais, sans en rien faire paraître, elle alla droit à lui, et avec cette bienveillance qui lui était naturelle, elle prit une de ses mains et la serra d’une manière qui exprimait plus d’affection que tout ce qu’elle aurait pu dire.

Celui-ci, sans y paraître sensible, et comme pour s’excuser d’avoir manqué à ses engagemens, lui dit : « Je vous demande pardon, mademoiselle ; mais je n’ai point balancé à venir ici pour prévenir un meurtre. »

— « Un meurtre ! » s’écrièrent toutes les dames.

— « Oui, répondit-il, en s’adressant à miss Fenton, et votre futur époux est de la partie ; il doit servir de second à M. Dorriforth, qui, non content du soufflet qu’il a donné hier, veut, ce soir même, donner la mort à milord Frédéric, ou la recevoir de lui. »

— « Dieu nous garde de ce malheur ! » dit miss Woodley, levant les yeux au ciel.

Tandis que miss Milner, sans proférer un seul mot, tomba évanouie.

On se hâta de la relever et de la porter dans la salle qui donnait sur le jardin ; elle fut bientôt revenue à elle-même, car l’agitation de ses esprits ne permettait pas qu’elle en perdît long-temps l’usage. Elle voulut, malgré sa faiblesse, se rendre à l’instant même chez son tuteur pour le détourner de son funeste dessein ; mais elle ne put aller jusques