Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/109

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d’ailleurs combien il y a peu de duels vraiment funestes, et enfin quelle perte légère ferait la société, si…

— « Cette perte, interrompit miss Milner, ferait couler mes larmes pendant toute ma vie, ou plutôt, je ne survivrais point à l’un ou à l’autre de vous deux. »

— « Quant à moi, répondit Dorriforth, je crois que milord Frédéric, que j’ai offensé, a autant de droits sur ma vie qu’en ont sur les coupables les lois de notre pays. L’honneur est la loi de la plus noble partie du genre humain ; dès qu’on ose violer cette loi, on mérite d’être puni. Cependant, miss Milner, ce rendez-vous ne doit pas avoir lieu incessamment, et je n’ai aucun doute que tout ne se termine comme vous le désirez. Croyez-vous que je paraîtrais aussi tranquille, ajouta-t-il en souriant, si je devais bientôt rencontrer milord Frédéric ? »

— « Oui, oui, » s’écria Sandford, d’un ton à faire entendre qu’il était mieux informé.

— « Vous ne nous quitterez pas de la journée, » lui dit miss Milner.

— « Je suis engagé à dîner, répondit-il. Cela est malheureux. — J’en suis fâché. — Mais vous me reverrez ici de très bonne heure. »

— « On vous reverra mort, s’écria Sandford, ou teint du sang d’un homme ! »

Les dames levèrent les mains au ciel, miss Milner tomba aux genoux de son tuteur.

— « Hier, vous vous êtes prosterné devant moi ; c’est à moi, maintenant, à me prosterner devant vous. Me voici à vos pieds, pour ne plus me relever si vous persistez dans votre dessein. Je suis faible, légère, inconséquente ; mais j’ai un cœur d’où certaines impressions ne peuvent jamais — oh ! non, jamais — être arrachées. »