Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il s’efforçait de la relever, mais elle resta toujours à ses genoux, et ce fut dans ce moment que la terreur dont elle était saisie et les tourmens qui déchiraient son cœur lui firent connaître toute la force d’un sentiment dont elle avait douté jusqu’alors.

— « Non, continua-t-elle, je ne prétends pas dissimuler plus long-temps un amour que je ne puis vaincre. — J’aime milord Frédéric Lawnly. »

Son tuteur tressaillit.

— « Oui, je l’aime (et elle semblait hors d’elle-même) ; je rougis en faisant cet aveu, mais il est nécessaire… mais le danger !… Je vous conjure d’épargner sa vie. »

— « Voilà précisément ce que je pensais, » dit Sandford, d’un air de triomphe.

— « Bon Dieu ! » s’écria miss Woodley.

— « Mais cela me paraît assez naturel, » dit madame Horton.

— « J’avoue, répondit Dorriforth, frappé d’étonnement et la relevant cette fois avec une force à laquelle elle ne put résister, j’avoue, miss Milner, que je suis profondément affecté et même blessé de voir tant de contradictions dans votre caractère. »

— « Eh bien ! reprit Sandford, ne vous l’avais-je pas toujours dit ? »

— « Cependant, continua Dorriforth, je vous promets, et je ne vous tromperai pas, quoique vous-même vous m’ayez si souvent trompé, que milord Frédéric ne court aucun danger ; pour l’amour de vous, je ne voudrais pas, au prix du monde entier, mettre sa vie en péril ; mais du moins, que ceci vous apprenne… »

Et il allait continuer du ton le plus sévère lorsque, s’apercevant de la confusion de sa pupille et des reproches