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CHAPITRE XV.


Quelque piquant que fût cet adieu de M. Sandford, miss Milner y fit peu d’attention ; toutes ses idées étaient fixées sur un sujet bien autrement important que l’opinion que M. Sandford avait d’elle. Dès qu’elle se vit seule avec son amie, elle se jeta dans ses bras, et lui demanda avec inquiétude ce qu’elle pensait de sa conduite. Miss Woodley n’approuvait pas la dissimulation dont elle avait usé jusqu’alors ; mais dans le dessein de la réconcilier avec elle-même le plus qu’il lui serait possible, elle loua hautement la franchise avec laquelle elle avait enfin avoué son amour.

« Ma franchise ! s’écria miss Milner, dans la plus vive agitation ; ma franchise, ma chère miss Woodley ! il n’y a rien de vrai dans tout ce que je viens de dire. »

— « Comment, miss Milner ?

— « Oh ! miss Woodley, reprit-elle, en cachant ses larmes dans le sein de son amie, plaignez les tourmens de mon cœur, d’un cœur que la nature avait formé sincère. Mais, hélas ! tel est le fatal penchant auquel il s’est livré, que j’aime mieux descendre aux plus honteux mensonges que d’avouer la vérité. »

— « Que signifie ce langage ? » s’écria miss Woodley, avec les marques du plus grand étonnement.

— « Croyez-vous que j’aime milord Frédéric ? Croyez-vous que je puisse l’aimer ? Oh ! courez, empêchez mon tuteur d’induire Frédéric dans une pareille erreur. »