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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/113

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— « Que signifie ce langage ? » répéta miss Woodley, « je vous assure que vous m’effrayez, » car tant de contradictions dans les paroles de miss Milner, lui faisait croire que son esprit s’égarait.

— « Courez, reprit l’autre, prévenez les suites inévitables d’un tel mensonge, qui nous plongerait dans des embarras plus grands que tous ceux que nous avons éprouvés. »

— « Mais quel motif a pu vous déterminer, ma chère miss Milner ? »

— « Ce qui détermine toutes mes actions. — Un pouvoir irrésistible — une fatalité qui me rend pour jamais la plus malheureuse des femmes ; et vous, — oui, vous-même, ma chère Woodley, vous n’aurez plus pitié de moi. »

Miss Woodley la serra dans ses bras, en lui protestant que, puisqu’elle était malheureuse, quelle que fût la cause de ses peines, elle était sûre de toute sa pitié.

— « Allez donc trouver M. Dorriforth ; empêchez-le de tromper lord Frédéric. »

— « Mais l’erreur où est M. Dorriforth est le seul moyen de prévenir ce funeste duel. Dès que je lui aurai dit que votre aveu en faveur de milord n’était point sincère, rien ne pourra plus l’arrêter, il acceptera le défi. »

— « Eh bien ! quoi qu’il arrive, je suis donc perdue. — Mais ce duel est horrible, plus horrible encore que tout le reste ! »

— « Et pourquoi ? lui dit miss Woodley, dès que vous ne prenez aucun intérêt à milord Frédéric. »

— « Mais, répliqua miss Milner, en la regardant avec des yeux égarés, êtes-vous si aveugle ? pensez-vous que je n’en prenne aucun à M. Dorriforth ? Oh ! miss Woodley ! je l’aime avec toute l’ardeur d’une amante, avec la tendresse d’une épouse ! »