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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/114

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À ces mots, miss Woodley tomba sur une chaise, qui, heureusement était près d’elle, car jamais elle n’eût eu la force de l’aller chercher ; elle frissonna ; elle pâlit ; — miss Milner lui prenant la main, ajouta :

— « Je vois quels sont vos sentimens ; je vois ce que vous pensez de moi. Combien vous me haïssez ! Combien vous me méprisez. Mais le ciel m’est témoin de tous les combats que je me suis livrés ; je ne me serais jamais avoué à moi-même ma folle préoccupation, si la vue du danger qui le menace…

— « Arrêtez, » s’écria miss Woodley, saisie d’horreur.

— « Et même à présent, reprit miss Milner, à quel autre qu’à vous l’ai-je révélée ? Pour le cacher à tout le monde, ne me suis-je pas jetée dans de nouvelles difficultés, dont il me sera impossible de sortir ? Hélas ! puis-je entretenir quelque espérance ? Non, miss Woodley, je ne le puis ni ne le veux ; mais laissez-moi vous faire l’aveu de ma faiblesse, conjurer votre tendre amitié de m’aider à me vaincre moi-même. Ô mon amie, ne me refusez pas vos conseils ! sauvez-moi de tant d’écueils qui m’environnent ! »

Miss Woodley était toujours pâle et toujours muette.

On dit que l’éducation est une seconde nature, mais l’éducation commune et bornée que miss Woodley avait reçue était devenue en elle plus puissante que la nature même. Comme, à ses yeux, rien n’était plus saint que les vœux, les personnes et les choses consacrés au ciel, les profaner était aussi à ses yeux, sinon le plus énorme, du moins le plus révoltant des crimes.

Cette façon de penser n’était point étrangère à miss Milner ; elle avait trouvé de pareilles opinions établies dans sa famille. D’ailleurs, sa propre raison lui disait que des vœux solennels, quelle que fût leur nature, devaient être