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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/116

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— « Et même après la mort, répliqua miss Woodley ; n’espérez pas plus de repos, si un long repentir n’a effacé vos fautes. » Elle allait continuer, mais tous les chagrins de miss Milner ne pouvaient lui faire oublier le danger qui menaçait Dorriforth ; malgré la promesse que celui-ci lui avait faite, elle craignait que rien ne pût prévenir le duel, s’il joignait milord Frédéric.

Cédant à ses alarmes, elle sonne et demande si M. Dorriforth était chez lui ; on lui répondit qu’il était sorti. « Vous vous rappelez, lui dit miss Woodley, qu’il ne devait pas dîner ici, il nous en a prévenues lui-même. » Cette réflexion ne rassura point miss Milner ; elle envoya deux domestiques après lui, leur ordonna de prendre chacun une route différente ; et, sans leur cacher le sujet de ses craintes, elle les chargea de s’opposer à son duel avec milord Frédéric. Sandford avait aussi, de son côté, pris des précautions, mais quoiqu’il sût à quelle heure le rendez-vous était fixé, il ne savait pas précisément en quel lieu ; car c’est ce que le lord Elmwood, dans sa surprise, avait oublié de demander.

La frayeur et l’inquiétude extraordinaires que miss Milner montra dans cette occasion furent attribuées, par tous ceux qui en furent témoins, à son amour pour milord Frédéric ; et personne, excepté miss Woodley, n’eut le moindre soupçon de leur véritable cause.

Madame Horton et miss Fenton, qui étaient restées ensemble, s’occupaient à gémir sur la dissimulation et la mauvaise foi tant reprochées à leur sexe, et dont miss Milner venait de donner un nouvel exemple. Mais, malgré tout l’intérêt de cette conversation, il leur tardait qu’elle fût interrompue par l’arrivée de la pauvre et faible créature qu’elles chargeaient de leurs innocentes calomnies ; inno-