Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/117

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centes, sûrement, car n’étaient-elles pas l’une et l’autre ses amies ? Elles désiraient impatiemment de voir si elle oserait les regarder en face, après leur avoir tant de fois protesté qu’elle n’avait pas le moindre attachement pour milord Frédéric, et qu’elle ne tenait à lui que par des motifs de vanité.

Ce fut donc avec plaisir qu’elles entendirent annoncer que le dîner était servi ; mais miss Milner ne leur donna pas à table toute la satisfaction qu’elles s’étaient promise ; car celle-ci était si loin de songer à ces dames, qu’elles ne purent remarquer en elle le plus léger embarras occasionné par leur présence. Ce n’était point devant elles qu’elle avait fait le seul aveu qui pût la faire rougir ; peu lui importait celui qu’elles avaient entendu ; elle eût désiré, au contraire, qu’il eût été conforme à la vérité. Miss Woodley était la seule dépositaire de son fatal secret. C’est devant elle seule qu’elle pouvait se sentir de la honte, et cette douce et bonne amie, à qui elle avait jusqu’alors, sans peine, confié tous ses torts, avait à présent le pouvoir de lui faire baisser les yeux de crainte et de confusion.

On sortait de table lorsque milord Elmwood entra ; cet innocent jeune homme leur dit que M. Sandford lui avait fait beaucoup de peine en l’empêchant d’accompagner son cousin, car il craignait que M. Dorriforth ne se précipitât sur l’épée de milord Frédéric, sans avoir auprès de lui un seul ami dont il pût attendre du secours. Un regard sévère de miss Woodley, qui, depuis quelques instans, avait acquis de l’empire sur miss Milner, empêcha celle-ci de laisser voir toute la frayeur que ces mots lui avaient causée. Miss Fenton répliqua : « Mais, à présent, milord, je ne vois pas, pourquoi M. Dorriforth et lord Frédéric ne seraient point amis. »