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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/123

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forth, celui-ci avait essuyé le feu de son adversaire, et il avait refusé de tirer sur lui ; de cette manière, il s’était montré fidèle à sa promesse de ne pas mettre en danger la vie de Frédéric, et il avait presque réconcilié Sandford avec sa conduite.

Ce dernier, qui avait une fois manqué à l’engagement pris de ne pas entrer chez miss Milner, ne faisait plus difficulté d’y venir, quoiqu’il évitât toujours la maîtresse de la maison ; mais si, par hasard, il la rencontrait, ses paroles et ses regards lui faisaient assez entendre qu’elle était dans son esprit aussi mal que jamais.

Il alla chez Dorriforth le soir même de son rendez-vous, et le lendemain matin il vint dans sa chambre déjeûner avec lui. Miss Milner n’avait pas vu son tuteur depuis le moment où il était venu la rassurer sur les suites de ce duel ; mais elle avait demandé à son domestique des nouvelles de son maître, et elle avait été charmée d’apprendre que sa blessure n’était que légère. — Encore, cette question, n’avait-elle point osé la faire devant miss Woodley.

Quand Dorriforth parut le lendemain, il était aisé de voir qu’il s’était délivré d’un pesant fardeau, et, quoique ses dernières peines eussent laissé sur son visage des traces de langueur, une douce satisfaction se faisait sentir dans le son de sa voix, dans ses manières, dans chacune de ses paroles et de ses actions. Bien loin de garder contre sa pupille aucun ressentiment du péril où son imprudence l’avait engagé, il semblait plutôt avoir compassion de sa faiblesse, et vouloir calmer le trouble où paraissait la jeter le souvenir de sa propre conduite ; il y réussit sans peine. Miss Milner paraissait plus calme dès qu’il lui adressait la parole, et si l’œil vigilant de miss Woodley ne l’eût sans cesse rappelée à elle-même, elle eût montré clairement combien