Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/126

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Dans cette occasion, il commença par lui témoigner la véritable satisfaction qu’elle lui avait donnée, en lui faisant enfin connaître les dispositions sincères et réelles de son cœur.

« Tout considéré, miss Milner, ajouta-t-il, je me réjouis que vos sentimens soient tels que vous les avez déclarés ; car, quoique milord Frédéric ne soit pas précisément l’homme que j’aurais désiré pour que vous fussiez parfaitement heureuse, cependant, d’après les idées de bonheur telles qu’elles sont reçues dans le monde, votre choix aurait pu se fixer d’une manière moins convenable, et, dans ce cas-là même, ma répugnance à contrarier vos inclinations ne m’eût point permis de n’y pas souscrire. »

Cela ne demandait point de réponse ; aussi bien miss Milner n’aurait été capable d’en faire aucune.

« À présent, mademoiselle, ma seule vue, en vous demandant cet entretien, a été de savoir de vous-même quelle mesure vous croyez à propos de prendre pour instruire milord Frédéric que, malgré votre dernier refus, il peut concevoir quelque espérance d’obtenir un aveu favorable. »

— « Différez de l’en instruire, » répliqua-t-elle vivement.

— « Je vous demande pardon. Je ne me prêterai à aucun délai. — Puis-je d’ailleurs approuver une conduite si peu digne de la bonté de votre cœur ? Je désirais même si ardemment de rendre heureux l’homme qui vous aime, qu’au moment où je l’ai vu armé contre ma vie, je lui aurais révélé vos sentimens, si je n’avais pensé que cet aveu pourrait lui paraître le prix dont je voudrais acheter sa clémence pour moi. Après notre combat, l’impatience où j’étais de vous rassurer sur son sort ne m’a pas permis de m’occuper de tout autre soin ; j’avouerai de plus, qu’après ses refus qu’il a plusieurs fois essuyés de vous, cette décla-