Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/127

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ration devient extrêmement délicate ; je vous conjure donc de me dire votre avis sur la forme qu’il conviendrait de lui donner. »

— « M. Dorriforth, ne pouvez-vous rien accorder à ce premier mouvement de surprise, de pitié, où m’avait jetée la vue d’un danger imminent ? et pourquoi me pressez-vous d’exprimer à milord Frédéric des sentimens dont, plus calme en ce moment, je n’oserais garantir la vérité ? »

— « Il n’y avait, ma chère miss Milner, rien d’équivoque dans vos expressions ; si, comme je le crois, vous étiez hors de vous, quand vous avez parlé avec tant de chaleur de milord Frédéric, il reste d’autant moins de doutes sur la vérité des sentimens que ces paroles exprimaient. En vain une modestie mal entendue peut-être vous porterait à vous rétracter, rien ne peut me faire changer d’opinion.

— « J’en suis extrêmement fâchée, » répliqua-t-elle, confuse et tremblante.

— « Pourquoi fâchée ? Allons, chargez-moi de faire connaître vos dispositions, je ménagerai votre délicatesse. Une légère insinuation de ma part suffira. L’espérance, surtout d’un amant, est toujours prompte à interpréter en sa faveur les mots même les moins signifiants. »

— « Je n’ai jamais donné d’espérance à milord Frédéric. »

— « Mais jamais, non plus, vous ne l’avez réduit au désespoir. »

— « Non, puisqu’il a continué à me rendre des soins ; mais il n’y a rien de plus dont il puisse tirer avantage. »

— « Quelque légère que vous ayez pu être sur des sujets frivoles, je dois avouer, miss Milner, que dans une matière aussi grave, je m’attendais à plus de stabilité dans vos sentimens. »