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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/128

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— « Ils sont stables, monsieur ; si j’ai pu varier, c’est dans une malheureuse circonstance où j’avais comme cessé d’être moi-même. »

— « Ainsi, vous assurez de nouveau n’avoir aucune inclination pour milord Frédéric. »

— « Pas assez pour devenir sa femme. »

— « L’idée du mariage vous effraie, et je n’en suis pas surpris. Cela prouve que vous portez vos yeux sur l’avenir ; cette prudence vous fait honneur ; mais, ma chère, n’y a-t-il aucun danger à craindre dans l’état opposé ? Si j’en puis juger, miss Milner, il me semble que pour une jeune personne douée de tous vos avantages, il y en a beaucoup plus que sous la protection d’un mari. »

— « Mon père, M. Dorriforth, a cru que la vôtre devait me suffire. »

— « Plutôt pour diriger votre choix que pour vous éloigner d’en faire aucun. Permettez-moi de vous présenter une observation que, peut-être, je n’ai déjà faite que trop souvent en votre présence, mais que je dois vous offrir de nouveau, c’est miss Fenton qui me la fournit. Sa fortune n’est pas aussi considérable, ses moyens de plaire sont moindres que les vôtres… »

Ici un soudain rayon de joie et de reconnaissance pour une opinion exprimée si négligemment et avec tant de vérité, colora le visage de miss Milner. Tout son sang, si je puis le dire, se porta rapidement à l’extérieur, et chacune de ses fibres palpita du secret plaisir qu’elle éprouvait à être jugée par Dorriforth plus belle que la belle miss Fenton.

S’il remarqua sa rougeur, il n’en pénétra pas la cause, et il continua en ces termes :

« D’ailleurs, il y a dans le caractère de miss Fenton une tranquillité qui rendrait moins dangereux pour elle le