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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/131

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n’a-t-elle pas démenti hier ce qu’elle avait assuré le jour d’avant ? et demain ne désavouera-t-elle point ce qu’elle a dit aujourd’hui ? »

— « Plaise au ciel qu’elle le désavoue ! » répliqua Dorriforth d’une voix plus douce ; car il s’aperçut des larmes que faisaient verser à sa pupille le ton rude et les reproches sévères de Sandford ; et il commençait à partager la peine qu’elle éprouvait.

— « Pardon, s’écria Sandford, pour la manière dont j’ai parlé de la maîtresse de la maison. Nulle affaire ne m’appelle ici, je le sais ; mais partout où vous serez, monsieur Dorriforth, à moins qu’on ne me mette à la porte, je me ferai toujours un devoir d’y venir. »

Miss Milner s’inclina, comme pour lui faire entendre qu’il serait toujours le bien-venu. — Il continua.

« J’étais inexcusable de m’être abstenu, par une délicatesse mal entendue, d’entrer dans cette maison et de vous laisser si long-temps privé de mes conseils. Qu’est-il arrivé ? vous avez couru le risque d’être tué, et, ce qui est pire encore, excommunié ; car si vous vous étiez oublié au point de répondre au feu de votre adversaire, tout mon crédit à la cour de Rome n’aurait pu vous faire remettre la peine due à votre crime. »

Miss Milner, quoique baignée de larmes, ne put s’empêcher de sourire.

« Et maintenant, reprit Sandford, je me hasarde à venir ici, comme un missionnaire au milieu des sauvages ; mais si je puis seulement vous sauver de la pointe de leurs armes, si je puis vous mettre à l’abri de tous les chagrins que mademoiselle vous prépare, je me trouve suffisamment récompensé. »

Sandford avait parlé avec beaucoup de feu, et jamais miss Milner ne vit son amour sous un jour plus affreux,