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CHAPITRE XVII.


Quand Dorriforth fut seul avec Sandford, il lui expliqua ce qu’il n’avait pu que lui faire entendre auparavant ; ce savant jésuite avoua franchement que l’esprit d’une femme était trop au-dessus, ou trop au-dessous de sa pénétration ; il ne se trompait pas assurément, car toute sa sagacité, et il en avait beaucoup, n’était pas capable de pénétrer dans les replis du cœur de miss Milner.

Miss Woodley, qu’elle informa de tout ce qui s’était passé entr’elle, son tuteur et Sandford, profita de l’agitation où elle était encore, pour augmenter ses alarmes par des menaces prophétiques, et c’est alors qu’elle lui représenta, pour la première fois, combien il était nécessaire que M. Dorriforth et elle ne demeurassent pas plus long-temps sous le même toit. À ces mots, miss Milner crut voir le coup de la mort suspendu sur sa tête, et elle s’efforça de le détourner par ses promesses ; son amie l’aimait avec trop de sincérité pour se laisser désarmer.

« Mais comment, s’écria la jeune Miss, comment amener cette séparation ? car, jusqu’au moment de mon mariage, mon père ne m’ordonne-t-il pas de rester avec lui ? »

— « Miss Milner, répondit miss Woodley, je respecte la volonté d’un homme mourant, mais la considération de votre bonheur présent et futur, et de celui de M. Dorriforth, est encore plus sacrée à mes yeux. C’est un point résolu, il faut vous séparer. Si vous n’en trouvez pas les moyens, je me charge, moi, de les trouver ; et sans aucun effort, je vois déjà comment je dois m’y prendre. »