Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/134

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— « Et comment ? » demanda vivement miss Milner.

— « Je révélerai à M. Dorriforth l’état de votre cœur, et les inconséquences de votre conduite actuelle ne le lui confirmeront que trop.

— « Vous ne m’exposerez pas à tant de honte ! » s’écria-t-elle avec des yeux égarés.

— « Non, répliqua miss Woodley, non, je ne le voudrais pas pour le monde entier, si vous savez de vous-même vous séparer de lui ; mais, encore une fois, il faut vous séparer, et si vous ne trouvez bientôt quelque moyen d’y parvenir, j’emploierai celui qui vous cause tant d’effroi. »

— « Bon Dieu ! miss Woodley, est-ce là votre amitié ? »

— « Oui, et la preuve la plus sincère que je puisse vous en donner ; voyez à quoi je me condamne pour l’amour de vous deux, quand je me charge de l’instruire de votre faiblesse ! Quel seront son étonnement et sa confusion ! Quelle douleur je lis déjà sur son visage ! Je l’entends qui vous prodigue les noms les plus outrageans ; je le vois qui vous fuit pour jamais, comme l’objet de toute son horreur. »

— « Oh ! cessez de m’offrir cette affreuse image ! Me fuir pour jamais ! m’avoir en horreur ! — Oh ! ma chère miss Woodley, ne me retirez pas votre tendresse et je consens à tout. — Ordonnez, je vais fuir. — Hélas ! sans l’amitié de M. Dorriforth, la vie ne me serait plus qu’un pesant fardeau. »

Miss Woodley commença donc à chercher quelque prétexte à cette séparation ; et malgré tous ses efforts, elle n’en put trouver qu’un seul qui lui parût naturel.

Ce fut que, dans une lettre à une parente éloignée qu’elle savait à Bath, miss Milner se plaindrait de la vie ennuyeuse de la campagne à laquelle son tuteur l’avait condamnée, et prierait cette dame de lui écrire une invi-