Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tation fort pressante pour aller passer chez elle un mois ou deux. Cette invitation serait mise sous les yeux de M. Dorriforth, et appuyée fortement par les deux amies. Dès que ce plan fut arrêté entre elles, la lettre partit pour Bath, et miss Woodley attendit la réponse avec patience, mais sans perdre de vue un seul moment la conduite de son amie.

Dans l’intervalle, miss Milner reçut de milord Frédéric une lettre remplie des plaintes les plus tendres. Comme elle n’y fit aucune réponse, milord engagea son oncle, chez qui il était, à lui rendre visite, dans l’espérance qu’elle s’expliquerait avec lui ; car il se flattait toujours que la crainte qu’elle avait de son tuteur, qui peut-être même avait intercepté sa lettre, était la seule cause de l’indifférence apparente de miss Milner. Ce vieux seigneur se présenta donc chez elle et chez M. Dorriforth, et il reçut de l’un et de l’autre une réponse si claire, que son neveu ne douta plus de l’inutilité de sa constance et de ses démarches.

À peu près dans le même temps, sir Edward Ashton vint prendre congé d’elle ; et il eut le chagrin de voir que la plus tendre preuve qu’il pût donner de son amour à miss Milner, était de s’éloigner pour toujours de ses yeux.

Après le refus positif et formel qu’elle venait de faire de milord Frédéric, Dorriforth fut plus étonné que jamais. Dès le commencement, il avait soupçonné que milord était cher à sa pupille ; mais depuis qu’elle avait elle-même déclaré qu’elle l’aimait, il ne doutait pas qu’elle ne finît par lui accorder sa main. Trompé de nouveau dans son opinion, il déplora, il condamna tant de caprices, et il crut à propos de lui en marquer son mécontentement, en changeant de conduite avec elle. Il devint donc plus réservé,