Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus sévère qu’elle ne l’avait jamais vu ; car le respect tendre et constant qu’il avait toujours cru devoir lui montrer avait chaque jour, par un changement involontaire et imperceptible, adouci ses manières.

Quoiqu’il ne fût plus le même pour elle, cependant l’idée que bientôt elle serait loin de lui livra miss Milner à la plus sombre mélancolie. Miss Woodley l’aimait trop pour ne pas être aussi triste qu’elle ; et le ton de gravité, quelque-fois même la rigueur de M. Dorriforth, tout contribuait à rendre cette société moins heureuse qu’elle ne l’avait été jusqu’alors. Un incident nouveau vint encore troubler les esprits. Milord Elmwood tomba dangereusement malade ; miss Fenton en fut aussi affligée qu’elle pouvait l’être. MM. Sandford et Dorriforth témoignèrent la plus vive inquiétude.

Dans cet état de tristesse et d’alarmes, la lettre d’invitation demandée à milady Luneham arriva de Bath. On la fit voir à Dorriforth, qui, pour prouver à sa pupille qu’il était trop irrité contre elle pour prendre à ce qui la regardait le même intérêt qu’auparavant, répondit avec indifférence, que miss Milner était la maîtresse de faire ce qu’elle jugerait à propos. Miss Woodley ne se le fait pas redire, récrit à Milady, et fixe le jour où son amie doit se rendre chez elle.

Miss Milner n’avait que trop remarqué les manières froides et désobligeantes de M. Dorriforth. Elle en est blessée au cœur ; mais il lui en coûterait trop de recourir au seul moyen de regagner son estime. Seule, ou devant son amie, elle soupire, elle pleure ; Dorriforth est frappé des marques de chagrin qui lui échappent ; mais il ignore s’il ne doit pas attribuer ce chagrin au départ de Frédéric, qui vient de retourner à Londres.

Deux jours avant celui de miss Milner pour Bath, Dor-