Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/137

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riforth reprit, par degrés, sa première conduite, si même il n’y avait pas dans ses manières une politesse plus attentive et plus tendre que jamais ; c’était la première fois qu’il allait se trouver séparé de miss Milner depuis qu’il était son tuteur, et il sentit que son cœur s’opposait à cet éloignement. Il avait été irrité contre elle ; il ne le lui avait pas caché, et maintenant il s’en repent. « Elle n’est pas heureuse, se disait-il ; tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait ne le prouve que trop ; je puis avoir été trop sévère et avoir augmenté ses peines ; enfin nous nous séparerons dans de meilleures dispositions. Je sens que ma considération pour miss Milner est telle, que je ne puis me séparer d’elle autrement. »

Elle s’aperçut bientôt de ce retour d’affection de la part de son tuteur, et sa bonté était une douce chaîne qui l’eût pour jamais attachée près de lui, si miss Woodley ne fût restée inexorable.

« De quoi servira une absence de quelques mois ? disait miss Milner à son inflexible juge. Ces quelques mois s’écouleront, il me rappellera près de lui, et quel aura été le fruit de cette séparation ? »

— « Pendant l’intervalle, répliqua miss Woodley, nous trouverons quelque moyen d’en prolonger la durée. » C’était enfoncer le poignard dans le cœur de la jeune Miss ; mais elle répondit seulement qu’elle était résignée, et elle prépara tout pour son départ.

Dorriforth se donnait mille peines ; il entrait dans tous les détails de ce voyage ; il avait d’avance les attentions les plus recherchées pour lui en adoucir les fatigues ; il voulait qu’elle n’eût rien à désirer ; il voulait surtout lui bien persuader qu’il lui avait entièrement pardonné, et il l’aurait accompagnée une partie du chemin, si l’état désespéré de son cousin ne l’eût pas forcé de passer la plus grande partie des jours et toutes les nuits au château d’Elmwood.