Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/138

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Le jour du départ, Dorriforth donna la main à miss Milner et la conduisit à la voiture. Tout le temps quelle fut avec lui, elle eut peine à retenir ses larmes ; mais, au moment de le quitter, c’étaient des sanglots convulsifs, qui la suffoquaient. Il fut vivement affecté de l’état où il la voyait, et, quoiqu’il lui eût déjà dit adieu, il la tira doucement par la main, et du ton le plus tendre :

« Ma chère miss Milner, lui dit-il, nous séparons-nous contens l’un de l’autre ? Oui, nous sommes amis, je l’espère. Soyez bien sûre que si je vous ai jamais causé quelques peines, c’est, en ce moment, le plus vif de mes regrets. »

— « Je n’en doute pas. » C’est tout ce qu’elle put dire, car elle se hâta de s’éloigner de lui, de peur que son œil pénétrant ne découvrît la cause d’une agitation si extraordinaire ; mais elle avait tort de craindre. Le cœur de Dorriforth était trop pur pour en concevoir le moindre soupçon ; il lui dit adieu une troisième fois et la voiture partit.

Miss Fenton et miss Woodley l’accompagnèrent près de trente milles, et ayant rencontré sir Harry et Lady Luneham, ils la remirent entre leurs mains. Les adieux des deux amies furent presque aussi touchans qu’entre Dorriforth et sa pupille. Miss Woodley, qui, depuis quelques semaines, avait traité miss Milner avec une sévérité dont elle se serait à peine crue capable, oublia dans ce moment toute sa rigueur. Elle pria son amie de lui pardonner ; elle lui promit de lui écrire exactement, et de faire, pour la consoler, tout ce qui dépendrait d’elle, hors de flatter son funeste amour ; mais c’était à cet égard seulement que miss Milner avait besoin de consolation.