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CHAPITRE XVIII.


Miss Milner, arrivée à Bath, eut peine à reconnaître ce lieu ; tout lui parut changé autour d’elle ; elle se trompait, il n’y avait de changé que son cœur.

Les promenades y étaient tristes, les compagnies insipides, les bals fatigans ; car elle avait laissé loin d’elle tout ce qui pouvait lui plaire ou du moins charmer ses ennuis ; mais quoiqu’elle sentît très bien qu’elle n’était pas aussi heureuse à Bath qu’elle l’avait été autrefois, elle n’eût pas voulu reprendre sa première indifférence, quand elle eût dû retrouver en même temps tout le bonheur qu’elle avait perdu ; car elle eût cru cesser d’être, si elle avait cessé d’aimer.

Seule, et n’ayant que des chagrins à prévoir, miss Milner s’arrêtait pourtant à une idée consolante, et que son imagination lui présentait même comme une source de plaisirs, je veux dire la correspondance de miss Woodley. Les lettres de son amie parleraient nécessairement du sujet qui intéressait son cœur, et en quelques termes que ce fût, ce serait un soulagement à ses peines.

Une lettre arrive ; — elle la dévore des yeux ; le timbre, le nom de la terre de Milner écrit au haut de l’adresse, l’occupèrent d’abord délicieusement ; elle lut lentement chaque ligne de cette lettre, pour prolonger la douce attente où elle était de trouver le nom de Dorriforth. Enfin son œil impatient le saisit d’avance à trois lignes au-delà ; et un attrait irrésistible lui faisant, malgré elle, sauter ces trois lignes, la fixa sur ce nom chéri.