Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/140

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Miss Woodley avait été sévère jusques dans son indulgence ; elle avait parlé de Dorriforth, mais pour n’en dire presque rien ; elle marquait seulement qu’il était extrêmement affecté, et même très abattu de l’état désespéré où il voyait son cousin Elmwood. Ce passage si court, et sur un incident si ordinaire, n’en parut pas moins à miss Milner le plus important de la lettre ; elle le lut, le relut, le médita long-temps. « Abattu, se disait-elle, qu’est-ce que ce mot signifie exactement ? ai-je jamais vu M. Dorriforth abattu ? Je m’étonne, en vérité, qu’il puisse paraître abattu ! » Voilà ce qui l’occupait, tandis que la cause de son abattement, quoique décrite ailleurs par miss Woodley d’une manière très pathétique, pût à peine l’arrêter un moment. Elle lut rapidement tout ce qui ne concernait que l’état du lord Elmwood. Elle le plaignit assurément, tant qu’elle pensa à lui, mais elle n’y pensa pas long-temps. Mourir, c’était une cruelle destinée pour un jeune homme d’une naissance distinguée, en possession d’une fortune immense, et à la veille d’épouser une femme d’une rare beauté ; mais miss Milner crut que le ciel valait encore mieux que tous ces avantages mondains, et elle ne douta pas que le jeune lord ne dût y aller tout droit. L’espèce de veuvage qui attendait miss Fenton aurait pu exciter sa pitié, mais elle savait que miss Fenton avait toute la résignation nécessaire pour soutenir ce triste événement, et qu’une épreuve si digne de son courage, serait plus précieuse pour elle que le titre même de comtesse Elmwood : en un mot, elle ne voyait pas de malheur comparable au sien, parce qu’elle ne voyait personne moins capable qu’elle de supporter le malheur.

En répondant à miss Woodley, elle s’étendit beaucoup, précisément sur le sujet dont son amie n’avait point parlé. C’était une licence sur laquelle miss Woodley ferma les