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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/141

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yeux ; ce commerce épistolaire devint l’unique plaisir de la jeune Miss ; car ce n’en fut pas un pour elle que d’accompagner lady Luneham dans ses visites ; elles lui parurent toutes très ennuyeuses.

Enfin son tuteur lui écrit ; rien n’était plus fait pour attrister, que le sujet de cette lettre, et cette lettre causa pourtant la plus grande joie à sa pupille. Les sentimens qu’il y exprimait n’avaient rien de particulier, et ils lui parurent les plus touchantes effusions de la confiance et de l’amitié. Sa main trembla, son cœur palpita tout le temps qu’elle écrivit sa réponse, quoiqu’elle sut bien que cette réponse ne serait pas reçue avec une seule des émotions qu’elle éprouvait en l’écrivant.

Dans sa seconde lettre à miss Woodley, elle la priait instamment de ne pas la tenir plus long-temps éloignée ; et, semblable à l’insensé qui ne connaît point sa folie, elle protestait, dans un langage passionné, qu’elle était guérie de sa passion ; mais son amie lui répliqua que ses expressions mêmes faisaient voir la violence de son mal, et que le seul moyen de lui prouver qu’elle était guérie, c’était de placer ailleurs ses affections.

La troisième lettre instruisit miss Milner de la mort du jeune Elmwood. Miss Woodley était trop touchée de ce triste événement pour lui parler d’autre chose. Miss Milner fut elle-même frappée en lisant ces mots : — Il est mort, elle songea aussitôt combien étaient passagères toutes les choses de ce monde. — « Dans quelques années je ne serai plus, et qu’alors je serai heureuse, si j’ai pu résister aux séductions des plaisirs ! » Le bonheur d’une mort paisible fut pendant près d’une heure l’objet de ses méditations ; mais les sentimens de vertu, de piété qu’elles firent naître dans son cœur, ne servirent qu’à lui rappeler toutes les maximes édifiantes qu’elle avait entendues de la bouche de