Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je puis vous dire que la confirmation n’en est peut-être pas éloignée, et ce qui en est une nouvelle preuve, ce sont les vives instances que je vous fais pour que vous reveniez au milieu de nous, dès que vous pourrez honnêtement prendre congé de lady Luneham.

« Venez, ma chère miss Milner ; celle qui fut une fois un mentor sévère ne sera plus pour vous qu’une fidèle confidente. — Je ne vous menacerai plus de révéler un secret que vous m’avez confié ; mais je laisserai le soin de le deviner à la pénétration, à la sensibilité de son cœur qui doit à présent chercher à lire dans les nôtres, pour y trouver celui qui s’accorde avec le sien. Loin de condamner encore vos sentimens, je vous en loue, je vous en félicite, et tous mes vœux seront désormais pour que votre amour obtienne le retour qu’il mérite. »

Cette lettre fut encore un de ces plaisirs déchirans auxquels la santé de miss Milner ne résista qu’avec peine. Elle perdit l’appétit, et ce fut en vain que plusieurs nuits de suite elle appela le sommeil. Elle s’occupait tellement de la nouvelle perspective qui s’ouvrait à ses yeux, qu’elle n’était pas capable de songer à autre chose, pas même d’imaginer une raison pour quitter lady Luneham avant les deux mois qu’elle avait encore à passer auprès d’elle. Elle écrivit donc à miss Woodley pour implorer le secours de son invention, pour lui reprocher d’avoir été si longtemps discrète et mystérieuse, et pour la remercier de lui avoir enfin appris ce secret d’une manière si digne de son amitié. Elle la conjurait encore de lui faire savoir de quel œil M. Dorriforth, car elle lui donnait toujours ce nom, envisageait cette soudaine révolution dans sa destinée.

Miss Woodley se hâta de lui marquer qu’il était nécessaire qu’elle revînt à Londres pour des affaires pressées,