Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/150

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et, sans entrer dans aucune explication, elle en dit assez pour ne pas permettre à lady Luneham de chercher à retenir plus long-temps miss Milner.

Voici ce qu’elle répondait à la demande de son amie concernant milord Elmwood. « C’est un article dont il parle très rarement. Il paraît exactement le même que vous l’avez toujours vu, et rien dans sa conduite ne ferait croire qu’il change d’état. »

« Tant mieux, s’écria miss Milner, je suis charmée qu’il soit toujours le même ; s’il avait pris un autre langage et d’autres manières, je sens que je l’aurais moins aimé : » — et elle aurait dit encore précisément la même chose, si miss Woodley lui avait écrit qu’il était entièrement changé. On fixa enfin le jour de son départ ; il lui tardait d’être à cet heureux jour. Elle comptait les momens avec impatience, et quand le jour fut arrivé, elle se trouva si malade de l’avoir attendu, qu’il lui fallut différer encore de toute une semaine.

Enfin la voici à Londres dans la maison de son tuteur, et ce tuteur n’est plus lié par ses premiers vœux. Le mariage est devenu un de ses devoirs. Il lui parut, comme à miss Woodley, le même qu’auparavant, ou peut-être encore plus fait pour être aimé ; car c’est la première fois qu’elle le voyait avec les yeux de l’espérance. M. Sandford, au contraire, lui sembla changé ; il est vrai qu’il ne mettait dans sa conduite avec elle ni plus d’égards, ni plus de respect, mais elle ne s’en aperçut pas ; il était devenu traitable, doux et poli. Voilà, du moins, comme elle le voyait à travers la joie dont son cœur était rempli ; car il en est de la joie comme de certaines maladies, où nos yeux prêtent à chaque objet leurs propres couleurs.