Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/153

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— « Elle n’ose, milord, parce qu’elle vous craint, parce qu’elle sait que vous ne le souffririez pas. »

— « Cela prouve donc qu’elle a pour moi plus d’estime que vous-même, car vous la censurez librement, et vous ne mettez pas en doute que je ne le souffre. »

— « Milord, répliqua Sandford, je vois que je me suis trompé, et désormais je ne prendrai plus cette liberté. »

Milord Elmwood avait toujours montré à Sandford le plus grand respect ; il craignit de lui en avoir manqué dans cette occasion, et peu s’en fallut que ce qu’il venait de dire, au lieu d’être avantageux à miss Milner, ne finît par tourner contre elle ; car, s’apercevant que son ami était offensé, milord commença lui-même, comme par forme de réparation, à déplorer la légèreté, l’inconséquence de sa papille, et Sandford, lui pardonnant aussitôt, se hâta de joindre, et de bon cœur, ses plaintes à celles qu’il entendait, en ajoutant :

« Le premier de vos soins doit être de la presser, ou de se marier, ou de retourner à la campagne. »

Elle revint de l’Opéra précisément comme cet entretien finissait ; dès qu’elle entra, Sandford prit son flambeau pour se retirer. Miss Woodley, qui avait été au spectacle avec miss Milner, s’écria :

« Quoi donc, M. Sandford, seriez-vous indisposé, que vous nous quittez si vite ? »

— « Non, répondit-il, mais j’ai mal à la tête. »

Miss Milner, qui jamais n’entendait quelqu’un se plaindre sans en être touchée, se leva aussitôt, et lui dit :

« Je ne me souviens pas, M. Sandford, que vous vous soyez jamais plaint de maux de tête. Voulez-vous d’un spécifique que j’ai chez moi ? c’est vraiment un remède infaillible. Je vais vous le chercher. »

Elle sort en courant, et revient avec une bouteille qu’elle