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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/154

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lui dit être un présent de lady Luneham et d’un effet aussi sûr que prompt. Elle la lui offrit avec tant d’empressement, que toute l’incivilité de Sandford ne put se refuser à l’accepter.

Miss Milner n’avait fait que remplir un de ces devoirs de société dont un ennemi se dispense à peine à l’égard de son ennemi ; mais le mérite était dans la manière ; c’était de la bienveillance sans affectation, c’était une sollicitude obligeante qui faisait valoir cette action. Milord Elmwood oublia aussitôt tous les torts qu’il venait de lui trouver, et ne se sentit plus pour elle que de l’admiration. Sandford lui-même n’y fut pas insensible, et en se retirant, il lui souhaita le bonsoir.

Aux yeux de miss Milner et de son amie, qui ne savaient rien de ce qui avait été dit en leur absence, ce qu’elle avait fait paraissait fort simple. Mais milord Elmwood y attachait un prix infini ; aussi, dès que Sandford se fut retiré, il parut beaucoup plus gai qu’à son ordinaire. D’abord, il reprocha aux dames de ne lui avoir pas offert une place dans une loge à l’Opéra.

« Y seriez-vous venu, milord ? » demanda miss Milner, charmée d’un reproche si agréable.

— « Certainement, si vous m’y aviez invité. »

— « Eh bien ! dès ce moment, je vous invite pour tous les jours d’opéra, et je ne recevrai dans ma loge que les personnes qui vous conviendront. »

— « Cela est bien obligeant, » répondit-il.

— « Et vous, milord, reprit miss Milner, qui n’avez encore entendu que de la musique d’église, vous en serez plus sensible à la douce mélodie de l’amour. »

— « Quels plaisirs enchanteurs vous me promettez ! répliqua milord, je ne sais pas si je pourrai les supporter. »