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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/155

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Sa pupille le regardait. Elle vit dans ses yeux, qu’il tenait fixés sur elle, une expression de sensibilité extraordinaire. — Surprise, enchantée, elle voulait le regarder encore ; mais elle ne put soutenir le feu de ses yeux, elle baissa les siens et rougit. Milord, frappé de cette rougeur subite, se hâta de reprendre son air accoutumé, et garda le silence.

Miss Woodley, qui observait sans rien dire, crut qu’en ce moment un mot ou deux de sa part seraient plutôt agréables qu’importuns.

« De grace, Milord, lui dit-elle, quand devez-vous aller en France ? »

— « En Italie, vous voulez dire, mais je n’irai point ; j’aurais dû, en effet, me rendre à Rome, et c’était mon dessein ; mais tant d’affaires demandent ma présence en Angleterre, et mes supérieurs sont si indulgens, que les formes indispensables ont été suppléées ici. »

— « Ainsi vous n’êtes plus dans les ordres ? » lui dit miss Woodley.

— « Non, depuis cinq jours. »

— « Milord, recevez mes vœux pour votre bonheur, » lui dit miss Milner.

Il la remercia, en ajoutant avec un soupir : « Si j’ai quitté un état où j’étais heureux, pour vouloir être plus heureux encore, peut-être finirai-je par perdre au marché. » À ces mots, il leur souhaita le bonsoir et se retira.

Quoique miss Milner fût heureuse de l’entendre et d’être auprès de lui, ce ne fut pourtant pas sans plaisir qu’elle le vit s’éloigner ; car son cœur était impatient de répandre ses espérances dans le sein de miss Woodley. Elle prit congé de madame Horton, et, ayant passé chez son amie, elle se livra à toute l’effusion de son amour, à toute la joie que lui inspirait la certitude d’être aimée. Elle décrivait tous les