Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/167

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et en appela, pour ainsi dire à son tuteur, presque les larmes aux yeux, « Milord, s’écria-t-elle, M. Sandford ne me traite-t-il pas avec indignité ? »

— « Assurément, je pense comme vous, » et il regarda Sandford d’un air mécontent.

Ce fut pour elle un triomphe si agréable, qu’elle pardonna aussitôt cette offense ; mais celui qui l’avait faite ne lui pardonna pas si aisément son triomphe.

« Bonjour, mesdames, » dit milord Elmwood, se levant pour sortir.

— « Milord, dit miss Woodley, vous avez promis à miss Milner d’aller avec elle à l’Opéra ; il y a opéra ce soir. »

— « Viendrez-vous, milord ? » demanda miss Milner, d’un ton si engageant, que milord parut tout à la fois vouloir et ne pouvoir refuser.

— « Je dîne aujourd’hui chez M. Fenton, répliqua-t-il, et s’il consent à y aller, ainsi que sa sœur, et que vous ayez la bonté de leur donner des places dans votre loge, je vous promets d’y venir. »

C’était une condition qu’elle ne devait pas être tentée d’accepter. Cependant, comme elle sentit la curiosité de le voir dans la compagnie de sa future épouse, s’imaginant qu’alors il lui serait facile de démêler les vrais sentimens de milord, sa réponse fut assez gracieuse. « Volontiers ; mes complimens à monsieur et à miss Fenton ; j’espère qu’ils me feront l’honneur de venir dans ma loge. »

— « Eh bien ! mademoiselle, s’ils y viennent, vous pouvez compter sur moi ; autrement, je ne puis vous rien promettre. » Il les salua, et sortit.

Cette journée se passa, de la part de miss Milner, dans une attente inquiète de ce que le soir même lui devait apprendre ; car c’est de la découverte qu’elle ferait qu’allait dépendre sa conduite future. Si elle voyait dans les re-