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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/170

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d’attendrir son ame en sa faveur ; mais cette tentative déplut à miss Milner.

« Quoi ! s’écria-t-elle, vous voulez que j’aime un libertin, l’amant déclaré de toutes les femmes ! cela est impossible. Un libertin est aussi odieux à mes yeux, que l’est une femme sans mœurs à ceux d’un homme délicat. Où est la gloire, où est le bonheur d’inspirer une passion que mille autres femmes peuvent également inspirer ? »

— « Il est bien étrange, disait miss Woodley, que vous, qui n’êtes pas exempte de bien des travers reprochés à votre sexe, vous puissiez être dirigée dans le choix d’un amant par un goût si opposé à celui de presque toutes les femmes. »

— « Ma chère miss Woodley, reprit miss Milner, comparez les hommages fades et frivoles d’un libertin avec la passion profonde et animée d’un homme vertueux, et jugez vous-même. »

Miss Woodley sourit de la voir dans une opinion que la moitié de son sexe trouverait ridicule ; mais frappée du ton de vérité qu’elle avait mis dans ses paroles, elle ne douta plus que sa conduite récente avec milord Frédéric ne fut purement l’effet du moment et du hasard.

Leur voiture s’arrêta à la porte, en même temps que celle de milord Elmwood : M. Sandford était avec lui, et ils revenaient tous deux de passer la soirée chez miss Fenton.

« Eh bien ! milord, dit miss Woodley, dès qu’on fut entré dans la salle, vous n’êtes pas venu nous rejoindre. »

— « Non, répondit-il, et j’en ai été fâché ; mais j’espère que vous ne m’avez pas attendu ? »

— « Pas attendu ! milord, s’écria miss Milner, ne nous aviez-vous pas dit que vous viendriez ? »

— « Si je l’avais dit positivement, je n’aurais sûrement