Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/173

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— « Quand vous avez de ces pensées, il serait plus à propos de ne pas les exprimer. »

— « Je serais donc souvent obligée de me taire ? »

— « Il vaudrait mieux ne pas parler, en effet, que de parler pour mortifier quelqu’un. Savez-vous, mademoiselle, que milord est sur le point d’épouser miss Fenton ? »

— « Oui. »

— « Et savez-vous qu’il l’aime ? »

— « Non. »

— « Comment ! Croyez-vous donc qu’il ne l’aime pas ? »

— « Je veux croire qu’il l’aime, mais je n’en sais rien. »

— « Eh bien ! comment avez-vous l’indiscrétion de trouver devant lui des défauts à miss Fenton ? »

— « Des défauts ! dire que son humeur est mélancolique, c’est, autant que je m’y connais, faire son éloge aux yeux de milord et aux vôtres ; car vous aimez que l’on soit de cette humeur. »

— « Quelle que soit la sienne, chacun l’admire ; mais loin de justifier l’idée que vous en avez, je vous assure qu’elle a beaucoup de gaîté, et une gaîté douce qui vient du cœur. »

— « Si en effet je l’en voyais sortir, je l’admirerais aussi, mais elle y reste, et voilà le mal. »

— « Allons, allons, dit miss Woodley, il est l’heure de nous retirer ; vous reprendrez demain avec M. Sandford la discussion où elle est restée. »

— « Discussion ! mademoiselle, répliqua Sandford ; je n’ai de mes jours discuté qu’avec des théologiens. — Je voulais seulement avertir votre amie de ne pas afficher tant de mépris pour des vertus qu’il lui serait honorable d’avoir. Miss Fenton est une jeune personne très aimable et digne d’un mari tel que sera pour elle milord Elmwood. »

— « Je suis sûre, dit miss Woodley, que miss Milner